Certaines spécialités du secteur du bâtiment existent depuis très longtemps, et elles ont beaucoup évolué au fil du temps. C’est le cas des métiers de charpentier, de maçon, ou encore de carreleur.
Le secteur du bâtiment rassemble plusieurs dizaines de métiers différents et complémentaires. Si certains constituent des spécialisations assez récentes – comme conducteur d’engin de travaux publics ou ingénieur en génie climatique –, d’autres sont beaucoup plus anciens, avec des origines remontant parfois jusqu’à la préhistoire. C’est le cas du métier de charpentier, qui est souvent considéré comme le plus ancien du secteur du bâtiment. Les habitations néolithiques en bois étaient ainsi réalisées avec des poutres débitées à l’aide de haches en pierre. On peut imaginer le temps nécessaire à une telle entreprise…
Par la suite, des outils en bronze, puis en fer sont utilisés. Durant l’Antiquité, l’équipement du charpentier se perfectionne et se diversifie, avec l’arrivée de la scie, du ciseau, de l’herminette, du rabot, ou encore de la tarière. Mais c’est surtout à partir du Moyen-Âge que ce métier devient omniprésent dans le secteur du bâtiment. En France, au milieu du XIIIe siècle, les charpentiers s’organisent même en corporation. Menacée au XXe siècle par l’arrivée de nouveaux procédés et matériaux de construction, notamment le béton et l’acier, la profession de charpentier s’est transformée et adaptée. Ses acteurs utilisent désormais des outils mécaniques et, avec le développement fulgurant des bâtiments à structure bois, son avenir est tout tracé.
Plusieurs révolutions en maçonnerie
Le métier de maçon est également ancien. Il naît durant la préhistoire, avec l’emploi de la terre crue. Par la suite, cette technique est largement déclinée et améliorée – notamment avec le pisé ou le torchis –, avant que l’apparition de la brique, vers 10.000 AEC, ne vienne bouleverser une première fois le monde de la maçonnerie. Les maçons utilisent alors des mortiers primitifs, préparés dans des auges, transportés dans des oiseaux, et étalés à l’aide de truelles. Par la suite, c’est la pierre qui s’impose partout comme matériau principal pour la construction des bâtiments les plus nobles. Le maçon doit alors travailler en étroite collaboration avec le tailleur de pierre, car les murs sont le plus souvent montés sans mortier.
Comme le métier de charpentier, celui de maçon est radicalement transformé par la révolution industrielle. La pierre de taille est remplacée par l’acier et le béton comme matériau de construction de base, ce qui oblige les maçons à se réinventer en modernisant les techniques ancestrales. La bétonnière remplace l’oiseau, le parpaing la pierre, tandis que la truelle, le fil à plomb, et la règle de maçon servent toujours à réaliser des murs à la fois droits et solides.
Embellir les intérieurs
Intervenant une fois le gros œuvre terminé, le carreleur est l’artiste des sols et des murs. Son rôle est décoratif, et son savoir-faire a longtemps été réservé à une élite. Les plus anciennes traces d’emploi de briques vernissées remontent au XIIIe siècle AEC, dans l’actuel Iran. Elles se sont ensuite diffusées dans tout le bassin méditerranéen, employées conjointement avec des travaux d’une finesse si époustouflante qu’ils se rapprochent d’une véritable forme d’art : les mosaïques. Le principe des briques vernissées est aujourd’hui toujours employé, par exemple avec les tomettes.
En revanche, la richesse des mosaïques a cédé sa place à des compositions moins ambitieuses, en général réservées aux pièces d’eau. Surtout, au Moyen-Âge, c’est l’usage du carreau de céramique peint qui se développe, en premier dans l’espace arabo-musulman, puis peu à peu dans tout le reste de l’Europe. Cette technique connaît un nouvel essor à la Renaissance, avec l’arrivée de carreaux de faïence. L’usage du carrelage se démocratise réellement au XIXe siècle. Si les matériaux ont évolué, la technique de pose pratiquée par les carreleurs est globalement la même depuis des siècles : du mortier ou du ciment pour maintenir le carrelage sur la surface, un niveau à bulle, et un masticage des interstices.