Mode de construction millénaire, le pisé consiste à bâtir un mur en terre crue. La forte inertie et les excellentes performances hygrométriques de cette technique constituent un avantage indéniable pour le confort thermique des habitations.
Si le mot « pisé » est issu du latin « pinsare » – qui signifie battre, piler, tasser… -, la technique est, elle, beaucoup plus ancienne. A la base, il s’agit d’un matériau de construction constitué de terre argileuse légèrement mouillée. Cette pâte est ensuite comprimée et moulée dans des éléments de coffrage que l’on appelle banches. Globalement, le pisé ressemble fortement à l’adobe et la bauge, deux autres techniques de construction en terre crue. On retrouve le pisé partout dans le monde, dès la sédentarisation des communautés humaines. Il a été utilisé pour tous types de bâtiments, y compris les plus prestigieux. Certains tronçons de la Grande muraille de Chine, que certains pensent uniquement bâtie en pierre et en brique, ont ainsi été réalisés en pisé ! En France, les constructions utilisant cette technique se retrouvent surtout dans le centre du pays, de la Bretagne au Dauphiné, en passant par le Massif central et la Beauce.
Une isolation optimale
Malgré un rebond à la fin du XVIIIe siècle, à la suite à la publication des travaux de l’architecte François Cointeraux, la construction en pisé a été longtemps délaissée en Europe. Elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène en raison de ses qualités environnementales. La forte inertie et les excellentes performances hygrométriques du pisé offrent en effet des habitations au confort thermique remarquable. Alors que les fortes chaleurs estivales sont contenues par les épais murs en terre crue, l’intérieur est parfaitement isolé du froid en hiver. Les températures varient moins que dans un logement classique, ce qui a un impact positif sur la facture de chauffage. Par ailleurs, la construction en pisé a recours à des matériaux neutres en émissions carbonées extraits localement, dans l’idéal sur le site même de construction. Cerise sur le gâteau : le pisé a l’avantage de s’adapter à n’importe quelle forme architecturale, même la plus moderne.
Un savant mélange
Si elle assez simple en théorie, la construction en pisé n’en reste pas moins exigeante en pratique. Ainsi, toutes les terres ne peuvent pas être utilisées. La matière première doit être raisonnablement argileuse, afin de limiter les phénomènes de fissuration. On évitera également d’y ajouter des fibres, comme de la paille ou du foin. Pour sa résistance mécanique, la terre doit être mélangée à des granulats, qui agiront comme leurs homologues dans le béton. L’alliage idéal comprend de 40 à 50% de sable, de 20 à 35% de limon, éventuellement du gravier, et seulement 15 à 25% d’argile. Quant à l’assise du mur, elle sera construite en galets, en moellons, ou même en béton, afin d’isoler la terre crue du contact direct avec l’humidité du sol. Une fois sec, un mur en pisé est aussi dur que de la pierre. Il résiste très bien aux intempéries, y compris les plus violentes. Mais pour plus de sécurité, il est toujours possible d’y appliquer un enduit de chaux ou de sable.