L'artisanat durable

La terre crue : pourquoi ce matériau traditionnel revient en force

Après avoir été pratiquement jeté aux oubliettes, le premier matériau de construction de l’Histoire revient sur le devant de la scène. Renouvelable et recyclable, la terre crue sera l’un des piliers de la construction écologique de demain.

Bien avant d’employer la pierre, la brique, ou encore le béton, les humains ont utilisé durant des millénaires la terre crue pour bâtir des demeures plus solides. Aujourd’hui encore, près de 30% des habitations mondiales sont toujours réalisées selon cette technique ancestrale, principalement en Afrique. Si les recettes varient légèrement d’une région à l’autre, les fondamentaux de la terre crue restent partout les mêmes. Il s’agit d’une boue contenant de l’argile et du limon, à laquelle sont ajoutés du sable, des fibres végétales, ou encore de la chaux. Une fois cette pâte parfaitement malaxée, elle peut être utilisée comme mortier ou enduit, mais également directement comme béton de terre. On l’emploie aussi comme torchis – pour le remplissage d’une ossature en bois -, ou encore sous forme de briques crues. Dans les pays occidentaux, après avoir longtemps été rangée au rayon des savoir-faire désuets, la terre crue revient désormais en force. 

Des propriétés intéressantes

Matière première renouvelable et recyclable, la terre crue a l’avantage de ne nécessiter que peu d’énergie pour sa transformation, et de ne pas générer de déchets. Elle est sans conteste le matériau de construction ayant le meilleur bilan carbone. Sa densité élevée lui offre également d’excellentes qualités en matière d’inertie thermique, ce qui lui permet de stocker et de redistribuer lentement la chaleur solaire. Perméable à la vapeur d’eau, la terre crue est un régulateur hygrothermique remarquable, doublé d’un bon isolant acoustique. Enfin, et contrairement aux idées reçues, la terre crue résiste parfaitement au temps et aux aléas climatiques, à condition d’être correctement protégée de la pluie. Finalement, le seul véritable inconvénient de ce matériau est le temps que nécessite sa mise en œuvre. A moins d’avoir une cohorte d’amis prêts à mettre la main à la pâte, le coût en main d’œuvre d’une maison réalisée en terre crue sera plus élevé que pour un bâtiment conventionnel.

Développement à grande échelle

Pour se développer, la terre crue devra casser son image de matériau rustique. Pour l’instant, la réglementation empêche son utilisation à plus grande échelle, notamment pour des équipements ou des bâtiments tertiaires. Mais les temps changent, et la terre crue ne devrait plus rester très longtemps un matériau alternatif, réservé à la construction de maisons écologiques en zone rurale. Saint-Gobain Distribution Bâtiment France et l’entreprise Norper se sont ainsi associés pour le développement d’un nouveau procédé de construction hybride, qui marie terre crue et terre d’excavation. Saint-Gobain travaille par ailleurs sur la mise au point d’une paroi à base de terre crue, qui pourrait faire entrer ce matériau dans l’ère industrielle.