L'artisanat durable

Découvrez la maison earthship, construite avec des pneus usagés !

Ce concept né aux Etats-Unis est la version ultime de la maison passive. Non seulement il utilise des matériaux recyclés ou naturels, mais il limite aussi drastiquement tout usage d’énergies fossiles.

Imaginez une maison construite uniquement avec des matériaux naturels ou recyclés, qui ne nécessite pratiquement pas de chauffage, n’est raccordée à aucun réseau (eau ou électricité), et dont les potagers peuvent produire des aliments toute l’année. Cet habitat a un nom : la maison earthship (ou géonef, en français). 

Tout commence en 1969, lorsque Michael Reynolds, fraîchement diplômé en architecture, rêve de développer une technique de construction ayant le plus faible impact possible sur l’environnement. Il bâtit un premier prototype en 1972, dans le désert de Taos, au Nouveau-Mexique. D’autres suivent les années suivantes, améliorant sans cesse le concept, notamment en incorporant de nouveaux équipements (récupérateurs d’eau de pluie, panneaux solaires et photovoltaïques, traitement des eaux usées, jardin biologique, éolienne, toilettes sèches…). 

Cinquante ans plus tard, malgré les nombreux déboires judiciaires auxquels leur concepteur a dû faire face dans les années 1990, les maisons earthship connaissent un véritable engouement dans l’Hexagone, notamment parce qu’elles sont désormais compatibles avec le code français de la construction et de l’habitation.

Une architecture singulière

La maison earthship est principalement connue pour sa technique de construction originale. Les murs sont érigés à partir de pneus usagés remplis de terre compressée et recouverts de torchis, tandis que les cloisons sont réalisées à partir de bouteilles et de cannettes. Pour le reste, le concept prévoit l’emploi de matériaux naturels comme le bois, la paille, la terre, le sable ou la chaux.

Grâce à sa position allongée et semi-enterrée, pensée pour utiliser au maximum tous les apports du soleil, la maison earthship est un habitat bioclimatique. Elle ne nécessite ni chauffage central ni climatisation. Exit les énergies fossiles ! Toujours orientée au sud, sa façade est constituée d’une double-rangée de surfaces vitrées, celles donnant sur l’extérieur pouvant être inclinées afin de protéger la maison du soleil en été. L’espace situé entre les deux gigantesques baies vitrées est utilisé comme serre géante. Cette dernière produit des fruits et des légumes tout au long de l’année, ce qui permet aux habitants d’être relativement autonomes en terme de nourriture.

Un concept radical

La maison earthship est l’un des concepts d’habitat répondant le mieux aux attentes de ceux qui cherchent à atteindre l’autosuffisance. Elle mise sur l’auto-consommation et l’auto-construction, avec la mise en place d’un chantier participatif (moins onéreux mais plus chronophage qu’un chantier conventionnel). Il faut notamment organiser l’accueil, l’hébergement, et les repas de tous les bénévoles qui participent aux travaux. 

Autre bémol de la maison earthship : l’utilisation de pneus, qui sont constitués de nombreux additifs toxiques (zinc, cadmium, sélénium…). Pour ne pas respirer ces molécules, il faut donc impérativement poser un film d’étanchéité sur les murs et investir dans un bon système de ventilation. Enfin, la maison earthship peut se passer d’isolation dans les climats secs et chauds, mais pas dans les zones plus froides et humides.