Construction en paille : une solution d’avenir ?

Parmi les nombreuses solutions proposées dans l’autoconstruction, la paille est l’une des moins bien connues. Peut-on réellement vivre confortablement dans une telle maison ? La réponse risque de vous surprendre…

L’idée peut sembler saugrenue. Pourtant, si la maison en paille est aujourd’hui le nouvel eldorado des amateurs d’autoconstruction, son origine remonte à bien des décennies. A l’état brut, l’utilisation de la paille est attestée dès la préhistoire. Elle est toujours utilisée dans certaines régions, notamment pour la réalisation de toitures. Dans sa forme moderne, elle redevient un matériau de construction à la fin du XIXe siècle, au Nebraska. Pour faire face au manque de ressources, des bottes de paille enduites de terre sont alors utilisées à la place des briques classiques. Plusieurs demeures bâties à cette époque sont encore debout, ce qui prouve l’efficacité de la technique, même improvisée. En France, le plus ancien bâtiment construit en paille date de 1921. La maison Feuillette, du nom de l’ingénieur des Ponts et chaussées qui l’a conçue, comprend une ossature bois et une isolation réalisée uniquement avec de la paille.

Une technique décalée…mais efficace

Il faut attendre encore une soixantaine d’années avant que la paille ne commence à véritablement s’imposer comme un matériau de construction alternatif. A partir de 2012, des normes réglementaires encadrant la construction paille entrent en vigueur. S’il est toujours possible de réaliser soi-même son logement avec cette technique, les professionnels du bâtiment sont désormais de plus en plus nombreux à proposer eux aussi cette solution. Aujourd’hui, la filière paille n’est plus une curiosité architecturale : elle est solide, efficace, et poursuit son développement. Plusieurs projets de lycées, comme à Clermont-Ferrand ou à Aizenay, ont ainsi recours à la paille. Des immeubles allant jusqu’à huit étages sont également en cours de construction.

Un matériau performant

Mais quels sont les avantages d’une maison en paille ? Il s’agit tout d’abord d’un matériau écologique, renouvelable, biodégradable et disponible localement. Son empreinte carbone est faible. La paille est également bon marché, même si la technique de construction nécessite plus de main-d’œuvre qu’un chantier classique. Surtout, comme elle est deux fois plus dense que ses concurrents, ses performances énergétiques sont excellentes. C’est aussi le cas en matière d’isolation thermique et phonique. 

Contrairement aux idées reçues, la paille est par ailleurs très résistante, y compris au feu, et elle ne s’affaisse pas. S’il existe au total au moins une douzaine de techniques de construction en paille, la plus courante est celle reposant sur une ossature bois, dans laquelle sont insérées les bottes de paille. Il existe même des caissons préfabriqués, qui servent essentiellement aux cloisons et aux murs non-porteurs. La paille sert non seulement d’isolant mais également de support d’enduit, qui va la protéger de l’humidité extérieure. Le greb, une autre technique en vogue mais pas encore homologuée en France, comprend une double-ossature réalisée uniquement en bottes de paille recouvertes d’un mortier d’enduit en terre.